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Entrée en application du règlement 2017/745 sur les dispositifs médicaux (RDM) : point sur l'évaluation clinique

August 29, 2021

Le règlement 2017/745 sur les dispositifs médicaux (RDM) est entré en application le 26 mai 2021 avec pour objectif notable l’évolution de l’évaluation clinique, notamment via le renforcement du recours à l’équivalence, la surveillance après commercialisation ou encore la base de données EUDAMED.

Conduire une évaluation clinique selon le règlement 2017/745

L’évaluation clinique doit être intégrée dans le système de management de la qualité (SMQ) du fabricant, désormais également exigé pour les DM de Classe I – et ce même en l’absence d’audit par un organisme notifié (ON) pour cette classe.

Cette évaluation constitue dorénavant une obligation pour tout dispositif, toutes classes confondues.

L’objectif ici est d’obtenir des preuves cliniques suffisantes pour :

  • confirmer la conformité (sécurité et performances),
  • évaluer les effets indésirables
  • évaluer l’acceptabilité du rapport bénéfice/risque

Le fabricant planifie, effectue et documente son évaluation clinique : il doit en conséquence justifier le niveau de preuves cliniques et devra démontrer en continu que le rapport bénéfice/risque demeure favorable, notamment avec la mise en place d’un système de surveillance après commercialisation (SAC) en fonction de la classe de risque et du type de dispositif.

L’ensemble des documents suivants font désormais partie de la documentation technique pour démontrer la conformité de son dispositif aux dispositions du RDM :

  • Le plan d’évaluation clinique (voir annexe XIV)
  • Le rapport d’évaluation clinique (CER), cette évaluation doit être mise à jour tout au long du cycle de vie du dispositif
  • Le plan de surveillance après commercialisation (SAC) y compris le plan de suivi clinique après commercialisation (SCAC) qui doit décrire les méthodes et les procédures à suivre pour collecter et évaluer de manière proactive des données
  • Le rapport d’évaluation du SCAC, mis à jour tous les ans pour les dispositifs de classe III et les dispositifs médicaux implantables (DMI)

Le Résumé des caractéristiques de sécurité et des performances (RCSPC), faisant office de notice améliorée mise à disposition du public sur EUDAMED, est obligatoire pour les DMI et les dispositifs de classe III et contient les éléments cités par l’article 32 du RDM. Ce résumé devra être mis à jour annuellement

Obtenir en pratique des données pour son évaluation clinique

Les façons d’obtenir des données cliniques sont plurielles et peuvent être constituées  :

  • d'investigations cliniques portant sur le dispositif concerné
  • d’investigations ou autres études citées dans les publications scientifiques d’un dispositif dont l’équivalence avec le dispositif concerné peut être démontrée
  • de rapports figurant dans des publications scientifiques à comité de relecture relatifs à toute autre expérimentation clinique du dispositif concerné ou d’un dispositif dont l’équivalence peut être démontrée
  • d’informations pertinentes sur le plan clinique provenant de la surveillance après commercialisation, en particulier le suivi clinique après commercialisation (SCAC)

Le recours aux investigations cliniques (voir Entrée en application du règlement 2017/245 – point sur les investigations cliniques) est obligatoire pour les DMI et dispositifs de classe III excepté si :

  • Le DM a été désigné en modifiant un dispositif déjà commercialisé par le même fabricant
  • Le DM modifié est équivalent à un dispositif commercialisé (démonstration faite par le fabricant)
  • L’évaluation clinique du dispositif commercialisé est suffisante pour démontrer la conformité du dispositif modifié

Quant à l’accès aux données cliniques (documentation technique) du dispositif considéré comme équivalent, celui-ci doit être prouvé par la similitude des caractéristiques techniques, biologiques et cliniques avec une justification clinique appropriée et désormais renforcée (voir annexe XIV).

En pratique également, pour les DMI ou les dispositifs de classe III, le fabricant doit conclure un contrat avec un autre fabricant, le plus souvent concurrent, accordant un accès total à la documentation technique du DM démontré comme équivalent. Pour les autres DM, seul un accès « suffisant » aux données est requis. Toutefois, la démonstration de l'équivalence pourra s'avérer laborieuse dans l'hypothèse d’un accès limité à la documentation technique du dispositif équivalent. Les recommandations du Guide MDCG-2020-5 précisent comment faire une démonstration de l’équivalence en conformité avec le RDM.

Le SCAC constitue un autre renforcement majeur des obligations lié au RDM par la mise en place d’un processus de mise à jour en continue et proactive (à la différence de la vigilance) de l’évaluation clinique. Le plan SCAC devra décrire les méthodes et les procédures à suivre pour collecter et évaluer de manière proactive des données (voir annexe XIV partie B). Les conclusions du SCAC seront consignés dans un rapport d’évaluation du SCAC comme partie intégrante de la documentation technique.

Pour les DM innovants, la procédure d’évaluation clinique renforcée dite « scrutiny» (voir article 54) s’ajoute à la procédure classique de certification réalisée par les ON. Il s’agit d’une consultation d’un panel d’experts, nommé par la Commission européenne, sur les nouveaux dispositifs implantables de classe III et IIb avec médicament. Ce groupe d’experts donne un avis scientifique public (via EUDAMED) relatif au rapport d’évaluation clinique établi par l’ON sur la base des preuves cliniques fournies par le fabricant et permet en ce sens un double contrôle.

Evaluation clinique, tableau synthétique

De la conception du produit à l’activité post commercialisation, l’évolution de l’évaluation clinique impacte donc considérablement les obligations du fabricant et exige en ce sens impérativement la mise à niveau des activités et de la documentation technique.

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